rendre compte des changements dans le quartier vu par les habitants

Le projet "saisir le changement" évolue !


Retrouver la vie quotidienne du quartier, ses habitants et les changements qui s'y font sur un nouveau site : saisir le changement

mardi 18 mai 2010

Jack Balzan : jacky la bonne étoile


Jack Balzan vient de quitter la Côte des roses et son ex-amie de cœur pour retrouver l’appartement où vit sa mère depuis cinquante ans maintenant au centre ville. Jack est comme chez lui à la côte : son parrain habite là, ses cousins, la Côte c’est les amis et les sorties. Il était encore là quand les gens de Batigère sont venus annoncer la future démolition de la barre du boulevard d’Océanie et recueillir les vœux de relogement de son amie.

Il était temps de démolir car rien n’est plus aux normes dans ces immeubles, l’électricité d’abord avec des fils de 1,5 de diamètre pour 2,5 aujourd’hui, les prises de terre qui manquent, les écoulements défectueux. Pourtant il a tout refait dans cet appartement mais il vaut mieux raser tout : à l’époque ils n’avaient pas les matériaux qu’on a maintenant. Les appartements sont insalubres et ça reviendrait plus cher de refaire que de démolir.

Jack a aussi vécu rue St Barbe entre 1991 et 1994.

Mais la bonne époque était déjà passée : la côte avait déjà sa mauvaise image à cause de la drogue. Son copain « mégot » était déjà tombé en 88 : il avait pris cinq ans pour avoir volé un commissaire de police.



la deuxième épouse de Jack

1991 c’est quand jack a donné sa démission à la ville.

Il avait travaillé comme chauffeur poids-lourds pendant quinze ans avant de partir sur un coup de tête.




Il avait une maison à Basse-Ham qu’il avait mis cinq ans à construire, il était le chauffeur le mieux payé de la ville mais, même Monsieur Mastropolito n’avait pu le retenir et à cause d’une dispute avec un collègue, il avait démissionné.


une amie de jack en 1994

1994 c’est l’année où Jack a été arrêté pour avoir braqué deux agences bancaires le même jour.


Une à la côte et une en ville.

Jack avait pété un câble. Poussé par le manque d’argent, le besoin de s’affirmer et l’alcool, il avait pris le risque d’attaquer sa propre banque.



Il savait qu’il avait été reconnu.

Il s’attendait donc à être arrêté et toute la journée il avait payé à boire à ses copains pendant que la police, craignant qu’il ne soit armé, guettait au coin de la rue.

Neuf heures après son forfait il était fait prisonnier au café de Paris.

En prison, la règle est simple : si on veut être respecté, il faut respecter les autres et donc les matons. Jack a l’habitude de régler ses problèmes tout seul, il a toujours su se battre. Dès le début il a un conflit avec un gardien qui lui prédit qu’il est comme les autres, tout juste bon à lui caillasser sa voiture à l’extérieur et qu’il reviendra en prison. Jack mettra sa fierté à lui prouver le contraire.

La prison, ce n’est pas son monde, on n’y côtoie que des gens sans maturité et sans respect d’eux-mêmes, le plus souvent sous l’emprise de la drogue. Il devient auxiliaire, distribue le café le matin, le repas de midi plus un peu de ménage dans son couloir. En contrepartie il circule assez librement dans la prison : l’auxiliaire sert de relai entre les surveillants et les prisonniers en régulant le couloir.

Jack balzan a une bonne étoile : il a déjà échappé à la mort trois fois. Sa première femme l’a poignardé, il a percuté le monument aux morts de Kœnigsmaker en état d’ivresse et d’excès de vitesse, ce qui lui vaut sa cicatrice sur le nez, et il a eu juste eu le temps de sauter de sa voiture en panne sur un passage à niveau avant que le train ne la traîne sur plusieurs centaines de mètres.



Cette fois-ci, la banque a omis de se porter partie civile jusqu’à la veille du procès, c’est un défaut de procédure et il est libéré à la barre : jack n’aura passé que quinze mois en prison.

Il passe aux assises en 1997 et il est condamné à trois ans avec sursis grâce à ses efforts de réinsertion par le travail. Comme il l’avait promis au gardien qui est devenu son ami par la suite, il ne retournera pas en prison.


Aujourd’hui, il veille sur sa mère et s’est découvert un talent à part : Jack tire les cartes. Il n’a pas besoin de faire parler ceux qui le consultent pour savoir quoi leur dire: il laisse les cartes faire.






mercredi 5 mai 2010

Aziz Belkessam: la sagesse Kabyle


Aziz Belkessam est arrivé en France en 2002 pour finir ses études à l’université de Provence à Marseilles.







Il a une licence de biologie.


Il vit à la Côte des Roses depuis plus de trois ans mais il n’a découvert l’annexe de la bibliothèque municipale que l’automne dernier. Il avait l’habitude de fréquenter celle du centre ville avec sa femme et quand il s’est finalement inscrit, il a appris l’existence de l’annexe située dans la maison de quartier.

Sa femme a un D.U.T en agroalimentaire, elle lit beaucoup et l’accès à la bibli c’est bien : récemment ils voulaient acheter un livre et il a constaté que la bibliothèque l'avait déjà en rayon.






Quand Aziz Belkessam est arrivé à Thionville il a d’abord travaillé à l’hôpital Bel-air dans un service d’hygiène et sécurité mais pour des raisons financières, il a choisi de travailler dans une entreprise de sécurité comme vigile jusqu’en 2009.

Aujourd’hui il a trente et un an et se retrouve au chômage. Aziz ne peut pas rester longtemps au chômage, il n’a pas envie d’être assimilé à un cas social. Quand on vient du Maghreb et qu’on devient chômeur « on paye sa race ». Il ne veut pas de l’image de «l’arabe qui ne fait rien».



Aziz est originaire de Bouïra en Kabylie. Son quartier est grand comme la côte des roses et tout le monde se connait. Le respect va de soi, un grand-frère passe dans la rue et sa présence suffit à calmer les enfants. Il y a une vraie solidarité et chacun veille naturellement à la paix commune. L’harmonie est une question d’intelligence. Ici en France, entre les différentes communautés on ne sait pas toujours de quel côté ça cloche mais celui qui est intelligent accepte la différence.

Par exemple, les mauvais garçons, personne ne leur donne d’importance : les traquer leur donne justement l’importance qu’ils cherchent et cela renforce leurs penchants. Quand Aziz voit un jeune mal agir il lui rappelle que son père est un homme de bien et cette parole suffit à apaiser les choses.

Les gens ont tout et pourtant ce n’est jamais suffisant : la vraie richesse est de savoir gérer sa vie personnelle par rapport aux autres. Celui qui vit naturellement est comme une plante qui pousse là où elle est. Si tu n’es pas trop égoïste tu auras ta part dans la vie. Le père d’Aziz était un simple fellah. Il a été torturé pendant la guerre d’indépendance et n’a pas reçu d’indemnités pour ses souffrances. Il n’a jamais rien demandé mais la vie lui a donné sept fils qui ont tous été bacheliers et à sa mort, il était vraiment respecté dans le pays. Si un homme fait le bien, ses enfants trouveront une porte ouverte un jour.

Il ne faut pas toujours attendre sur les autres mais être capable de défendre ses idées, ne pas être gourmand mais juste et ne pas accepter de vivre dans des conditions indignes. Les anciens disaient parfois « ah c’est pas cher » mais ce qui n’est pas cher finit par se payer : il faut payer le prix juste pour être à la hauteur de la vie qu’on veut.

En ce moment Aziz est chômeur mais il reste digne. Celui qui vient de bon cœur fini par réussir. En Algérie comme ici les choses s’améliorent peu à peu, tout le monde mange et en fait, on travaille et on cotise pour les autres, on travaille contre la pauvreté. Le changement c’est bien, si on connaît sa valeur.


université Mira à Bejaia (anciennement Bougie) où Aziz a commencé ses études

depuis cette entrevue, Aziz Belkessam a retrouvé un emploi au Luxembourg.






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