rendre compte des changements dans le quartier vu par les habitants

Le projet "saisir le changement" évolue !


Retrouver la vie quotidienne du quartier, ses habitants et les changements qui s'y font sur un nouveau site : saisir le changement

mercredi 23 mars 2011

Francine Trimbur et Denise Patry, de mère en fille

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Quand Francine Trimbur arrive en métropole avec sa mère en 1962, elle a deux ans. Sa mère Denise est née à Rabah, au Maroc. Son grand-père travaillait à la poste. Du Maroc la famille est allée vivre en Algérie. Denise a vingt quatre ans, elle a connu les émeutes et le couvre feux qui précèdent l’indépendance. Elle est rapatriée avec son frère Pierrot. Toulon puis la Lorraine où ils rejoignent leur sœur qui les a précédés.


la sœur ainée de Denise

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le père de Denise et ses enfants


Denise se marie à monsieur Dimoff qui reconnait Francine. Elle aura avec lui quatre garçons, Michel, Serge, Christian et Marc. Marc est le plus jeune des quatre, encore célibataire et, en attendant que sa maison soit terminée, il mange et dort en ce moment à la maison.

Denise n’est pas heureuse avec son mari et quand elle rencontre Monsieur Patry qui lui promet de l’attendre, elle n’hésite pas et elle demande le divorce. « Tu as pris une femme avec cinq gosses! » dira monsieur Dimoff à monsieur Patry.

Les garçons voient leur père une fois par mois mais Francine refuse. Chaque fois que monsieur Dimoff vient chercher les enfants, c’est des histoires à n’en plus finir, Francine veut rester, ses frères s’interposent, la police arrive. Un policier suggère un jour à Francine d’écrire au juge des enfants. Elle a douze ans. Le juge, monsieur Meunier, lui dit au téléphone que si elle est assez grande pour décider comme ça de ce qu’elle veut, elle est assez grande pour venir à Metz toute seule.

Le juge s’assoit à côté d’elle et il écoute tout ce qu’elle a sur le cœur : Francine se sent comprise et rentre avec le fameux papier qui la libère : Francine ne se laisse pas faire.




monsieur Patry et son fils Christophe

Denise devient Denise Patry. Un garçon nait, Christophe, ce qui fait six enfants à nourrir. La famille vit chaussée d’Océanie, juste au dessus de l’atelier linge d’aujourd’hui. Monsieur Patry travaille chez Gardin, le garage Renault place Marie Louise, là où il y a maintenant un supermarché. Le samedi il travaille au marché chez Fath, le marchand de légumes.



André Baf et Joël Spiessert à la fenêtre du rez de chaussée


La vie chaussée d’Océanie est agréable, le square Fénelon est couvert de mirabelliers, le soir les gens se retrouvent devant les immeubles et discutent. Les Patry sont les premiers à être raccordés au téléphone et sur le coup de midi, il y a toujours quelqu’un qui vient téléphoner. Francine a un amoureux : il grimpe aux grilles du local du rez-de-chaussée pour entrer dans sa chambre. Ce local sert aux jeunes du quartier mais un jour il servira aussi de morgue provisoire.






Francine et son mari




Francine se souvient, elle est déjà mariée avec Michel Trimbur, elle est enceinte de son fils et vit rue de la fauvette quand, un jour en passant, elle voit de la fumée sortir d'un soupirail : le fils Godbane est en train de réparer sa mobylette dans la cave. Le feu a pris dans une flaque d’essence et ses copains ne savent pas quoi faire. Francine appelle les secours, monsieur Godbane est prévenu à l’usine mais personne n’ose rentrer dans la cave. Une voisine arrive avec un drap mouillé, le jette sur le dos d’un homme et le pousse dans la cave. Mais c’est trop tard, le fils Godbane meurt deux jours plus tard de ses blessures. Une veillée funèbre est organisée dans le local des jeunes.






Denise, veuve

C’est la fin des belles années : neuf mois après le mariage, monsieur Patry meurt d’un cancer. Christophe a trois ans. Denise travaille comme femme de ménage chez des particuliers et aussi chez Onet. Chez certaines dames il faut nettoyer le sol à genoux : une d’elles a l’habitude de passer derrière Denise en frottant le coude de son gilet noir sur les meubles pour vérifier l’absence de poussière. Chez Onet, il n’y a que des bureaux à nettoyer.


Francine a vu ce que c’est d’être veuve à quarante ans, la misère que c’est pour nourrir six enfants. Elle a vu les larmes de sa mère parce qu’à noël elle ne peut pas faire de cadeaux à ses garçons. A dix huit ans, Francine commence à travailler, en temporaire à la brasserie de Yutz, puis huit ans au Géant du meuble où elle devient tapissière d’ameublement et enfin Scholtès pendant quinze ans. Deux ans avant la fermeture par Merloni en 2006, elle est licenciée le jour de son anniversaire, le 29 janvier et elle est en plein reclassement quand son mari Michel meurt d’une crise cardiaque en juillet de la même année. En avril cela fera cinq ans que Francine travaille dans la sécurité. Elle s’est formée pendant la période de chômage qui a suivi son reclassement. Son niveau est le Siap1 sécurité, incendie, protection rapprochée. Elle contrôle les accès au parlement européen et fait des rondes de nuit.


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En 2006, Francine a quitté l’appartement qu’elle occupait chaussée d’Océanie dans l’immeuble qui va être démoli. Elle a accepté le F3 que monsieur Moroni lui a proposé rue Mozart, dans le temps tout le monde rêvait d’habiter rue Mozart, en fin de compte Francine préfère l’autre côté du quartier, elle a essayé d’obtenir un F4 parce que son fils est revenu vivre avec elle et pour se rapprocher de sa mère rue Boileau mais Batigère lui a répondu que son cas ne dépendait pas de l’Anru et qu’il n’y avait pas de programme d’accès à la propriété de prévu square Fénelon.



Francine et Christophe

madame Baf, une bonne voisine et sa fille

Denise, son fils Christophe et le fils Baf


La vie a endurci Francine. Mais l’esprit qui unissait les gens autrefois a disparu. Avant, on s’occupait des voisins pour de bonnes raisons : aujourd’hui tout le monde a l’air de ne plus se préoccuper que de soi. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, Francine se promenait avec sa mère dans la rue quand celle-ci s’est arrêtée pour saluer un garçon de mauvaise réputation. Quand elle l’a reproché à sa mère, celle-ci lui a répondu vertement qu’elle ne faisait que prendre des nouvelles du jeune homme à son retour de vacance ! Là, Francine a compris que sa mère ne risquait rien à la Côte des roses, elle qui aime tant vivre ici et que tout le monde connaît et salue quand elle passe dans la rue.



article publié sur wikithionville





mardi 15 mars 2011

Claude Strichard, rue Pépin-le-Bref

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Claude strichard a toujours entendu dire son père qu’avant la révolution leur nom était Saint Richard. Claude a cinquante huit ans. Il habite encore pour quelques semaines dans la barre d’immeuble de la chaussée d’Océanie qui va bientôt être démolie. Il a été contacté en septembre par le bailleur qui l’a informé qu’il avait droit à trois propositions de relogement dans le cadre de l’Anru. Claude a tout de suite précisé qu’il fallait que ça soit dans le coin à cause du travail de sa femme. Elle fait quelques heures d’entretien et particulièrement à la piscine municipale qui est tout près.


Cela faisait dix neuf ans qu’ils vivaient chaussée d’Océanie au numéro 16, une bonne entrée, propre, avec une bonne entente entre voisins. Ce qu’il y avait de bien c’est que tout se trouvait à proximité le tabac le médecin l’atelier linge. Mais même le médecin, le docteur Adamo, arrête en septembre. Claude viendra voir la démolition.


Batigère leur a fait visiter un F3 aux Basses-Terres : c’est plus petit mais les pièces sont plus grandes et puis il ne reste que Sébastien, le plus jeune des enfants à la maison. Autre avantage, du quatrième étage ils passent au premier et en plus, ils refont tout dans l’appartement, du sol au plafond, la salle de bain, les wc et même une prise pour le lave-vaisselle alors qu’ils n’en ont pas encore.




Claude ne travaille plus depuis un an, il est en longue maladie. Il a commencé à travailler à quatorze ans et si la loi sur les retraites n’avait pas changé, il aurait pu partir en décembre 2010 alors que maintenant il lui faut aller jusqu’à soixante ans et un trimestre. Claude a fait une demande de mise en préretraite pour longue carrière et travaux pénibles. Quand il a eu l’âge, Claude s’est tourné vers l’apprentissage, il aurait bien fait cuisinier mais son père n’était pas d’accord : alors il avait choisi le centre d'apprentissage de Sollac.



brame d'acier froid, photo sollac

réchauffage des brames, photo sollac

brames chauffées, photo sollac

sortie du four, photo sollac



A Sollac il a gravi plusieurs échelons : de simple O.S, ouvrier spécialisé, il est devenu chef de poste adjoint au train à chaud. A l’atelier rectifieuses ils étaient une petite équipe soudée, « on bougeait comme on voulait ». L’équipe de Claude devait rectifier les cylindres qui laminaient l’acier et leur redonner leur forme initiale : c’est un travail où l’erreur n’est pas permise. Claude circulait à droite à gauche pour surveiller le travail. Aujourd’hui les machines sont numérisées.

laminoir, photo sollac

bobineuse, photo sollac

stockage des bobines photo sollac



Quand Claude a commencé à travailler le rythme était de sept jours du matin, sept jours de l’après midi et sept jours de nuit, sept/sept. Après sept nuits, on arrêtait le mardi matin pour reprendre le jeudi après midi. Après on est passé au cinq/cinq et aujourd’hui on travaille en deux/deux. Deux matins de suite, deux après midi de suite deux nuits de suite et quatre jours de repos. Ce qui revient quand même à travailler samedi dimanche par roulement et aussi les jours fériés. C’est difficile de prévoir un weekend quelque part.


cliché département de la moselle

Niveau salaire, Claude n’a pas de regret. Mais ça fait quinze ans qu’il n’a pas pris de vacances, plus envie de se déplacer. Aujourd’hui Claude reste à la maison, levé à sept heures c’est lui qui s’occupe de la maison pendant que sa femme travaille. Quand elle rentre elle n’a plus rien à faire. Il y a aussi les journées dessins animés dans le salon : Claude a cinq petits enfants. Il cuisine volontiers, ses spécialités sont le bourguignon, le vol au vent et toute la cuisine au four.



peugeot poissy, photo f.de la mure(maee)


Son fils Stéphane avait choisi de se former en cuisine, il est cuisinier de métier, mais aussi, confiseur-glacier chocolatier et pâtissier. Il avait un job au Luxembourg mais il a du arrêter à cause d’une maladie professionnelle. Maintenant il travaille lui aussi en usine chez Peugeot à Trémery. Il travaille le weekend mais il fait quand même moins d’heures qu’avant ce qui lui permet d'avoir une vie de famille avec ses 2 enfants.



Le père de Claude qui est président de l’atelier bois de Florange, il a fabriqué tous ses meubles, est lui à la retraite depuis vingt huit ans maintenant et, fait du hasard, quand Claude aura déménagé, ils habiteront tous les deux une rue Pépin-le-bref, l’un à Florange l’autre à Thionville.




article publié sur wikithionville



vendredi 11 mars 2011

Rosette Payotte, le bon côté des choses

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Il y a ceux que madame Payotte a connu quand elle était jeune et qui l’appellent Marie-Rose et ceux qui l’appellent Rosette, son vrai prénom. La famille de sa mère était d’origine luxembourgeoise et allemande.



Avant guerre, la mère de Rosette avait épousé un militaire français d’origine Algérienne et l’avait suivi à Alger. Le père de Rosette était adjudant chef, il gardait sa femme et sa fille à l’écart de sa famille qui vivait quelque part dans le bled : Rosette n’a jamais connu ses grands-parents. Avec les années le père a voulu se rapprocher des siens mais sa femme n’a jamais accepté : elle était venue à Alger, elle n’irait pas plus loin. Rosette qui avait à peine quatre ans entend un jour son père évoquer la situation avec un ami dans un café arabe : il annonce que quoiqu’il arrive il gardera sa fille auprès de lui. Rosette jure en arabe et court tout dire à sa mère. Sa mère obtient le divorce, elle est rapatriée d’Algérie en 1946.



Côte des roses, les murs montent

Partie avant la deuxième guerre mondiale et rentrant avant les évènements qui conduiront à l’indépendance, Rosette a échappé à deux guerres. Elle arrive à la Côte des roses en 1953 pour loger au château St Anne : c’est un logement provisoire. Il y là trois autres familles, les Christian, les Dalcol et les Fisher.

Elle est déjà mariée à monsieur Payotte et aura ses trois premiers enfants au château. En 1957, le six avril elle emménage impasse de la caille : elle y habite encore, au quatrième étage. C’est un trois pièces cuisine mais à l’époque, ils étaient déjà contents. Entrée dans l’immeuble en même temps qu’elle il reste un couple qui habite l’entrée à côté et sa voisine de palier.


la nièce de Rosette et les enfants,les immeubles construits derrière le mur du château St Anne


Son mari s’est séparé d’elle pour vivre avec quelqu’un d’autre il y a plusieurs années. Elle est restée à la Côte. Pourquoi serait-elle partie ? Ici elle connaît tout le monde, le quartier est bien desservi à cause de l’hôpital et elle est à un quart d’heure de partout.



Bien sûr quand elle était jeune son rêve était de vivre dans une vieille ferme avec six enfants. En fait trois auraient suffi : c’est que ça ne marche pas comme on veut avec les enfants, Rosette qui n’est pas autoritaire devait toujours faire la police entre eux. Elle était parfois débordée.


la Côte des roses vue du Crève-cœur: Rosette, sa belle-soeur et son mari et les enfants


Enfin elle n’est ni nostalgique ni anxieuse : pourquoi se faire du souci pour une chose qu’on ne peut éviter ? Rosette a assez pour vivre : elle a une petite pension de son mari, une petite retraite et elle est propriétaire de son appartement depuis trente ans maintenant. En entrant en 1957 c’était intéressant car elle n’avait même pas eu besoin d’apport personnel. Rosette ne peut revendre qu’à l’O.P.H mais elle préfère rester propriétaire. Une dame de sa connaissance voulait changer d’étage dans le même immeuble mais l’office n’a pas voulu, elle a vendu et déménagé plus bas mais maintenant elle paye un loyer.



Rosette pèse toujours le pour et le contre, elle est terre à terre comme dit sa petite fille Déborah mais elle veut savoir le pourquoi du comment. Sa retraite par exemple : Rosette avait travaillé quelques mois dans sa jeunesse en gardant des enfants au lycée de Metz où sa mère travaillait à son retour en France. Arrivée à soixante ans elle avait découvert que cela lui donnait droit à une pension de 100 francs (seize euros) et la Crav, l’organisme qui gère les retraites, lui avait proposé alors devant la modicité de la somme, de liquider sa retraite en une fois contre un chèque de dix mille francs.


Rosette avait préféré le versement d’une pension et avec les années et compte tenu du fait qu’elle a élevé quatre enfants, sa mensualité, même petite, reste plus intéressante que le chèque qu’on lui proposait au départ ! « Pas de sous, pas de souci, pas de mari, pas d’ennui…» Il reste deux ou trois bonnes copines à Rosette et les amis qu’elle s’est fait chez les témoins de Jéhovah qu’elle retrouve régulièrement autour de l’étude de la Bible, salle du Royaume rue de Verdun, juste à la limite entre Thionville et Terville. Quand une de ses amies se fait hospitaliser, elle n’a que la rue à traverser pour lui rendre visite.


ces enfants se tiennent à l'emplacement de l'hôpital et c'est le Crève-cœur qu'on aperçoit au loin



Du haut de son quatrième étage, Rosette contemple les collines de Guentrange, ce n’est pas en ville qu’elle verrait ça. Elle a ses chats et une passion pour la généalogie : du côté de son père elle a buté sur l’absence d’état civil en Algérie au siècle dernier. Du côté de son mari, elle cherche vers la Savoie où on trouve souvent le nom Payot. Son hypothèse est qu’il pourrait s’agir d’un mouvement de population du XVIIème siècle entre la Savoie et la Lorraine pour repeupler le pays dévasté par la guerre de trente ans et la famine.




publié dans wikithionville





Thionville dans les années soixante, par la maison de la culture Louis Aragon d'Hagondange

jeudi 10 mars 2011

Rachid El Yaagoubi, quand le destin fait signe

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Il y a maintenant un an que Rachid El Yaagoubi a ouvert une boucherie à la Côte des roses. Enfant, il travaillait déjà chez un boucher tous les samedis sur le marché de Longwy où il est né, mais aussi à Longwy haut le jeudi et le vendredi à Villerupt quand il n’avait pas cours ou bien pendant les vacances.


C’est pour ça que quand il a décidé d’arrêter en terminale, il ne se voyait pas continuer ses études, il n’a eu aucun mal à intégrer le Cepal de Nancy, pour passer un Cap boucherie en accéléré. Rachid a passé les tests et grâce à son niveau d’étude et à sa connaissance pratique du métier, il a été admis directement en deuxième année. Trouver du travail comme boucher n’a pas été facile en sortant du Cépal : les boucheries hallal n’étaient pas très nombreuses en Lorraine. Rachid a donc commencé à travailler en usine au Luxembourg en intérim, une fabrique de verre, Guardian. Mais l’usine il faut aimer. Et son objectif principal reste d’ouvrir un jour sa propre boucherie.


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En 2009 Rachid quitte la boucherie de la cour de Rome où il travaillait depuis quatre ans pour tenter sa chance au Luxembourg. Mais l’aventure tourne court, Rachid revient travailler en France et finalement le fond de commerce est revendu. Ça tombe bien car ces derniers temps, en passant à la Côte des roses, Rachid a remarqué une petite épicerie installée à l’emplacement du point presse de la rue Ste Barbe. Une fois, il constate que l’endroit reste fermé trois jours de suite, il est intrigué et décide de pousser la porte. Le propriétaire est prêt à céder son affaire. Les deux hommes s’entendent rapidement, Rachid n’a jamais conclu une affaire si vite, c’est un signe. Une semaine plus tard ils signent chez le notaire.


C’est un emplacement stratégique entre l’hôpital et la mosquée, le quartier est populaire et les clients peuvent venir à pied au magasin ou en voiture. C’est important, Rachid ne voudrait pas d’un magasin en centre ville : au Luxembourg, c’était toujours difficile pour les clients de stationner devant le magasin. Rachid est associé à son beau-frère et à un proche de la famille et les trois collègues ont su se faire rapidement une place : le bouche à oreille a fonctionné.


Leur projet est de marier la boucherie hallal à la tradition européenne. Rachid veut être un vrai boucher traditionnel à l’ancienne et développer une activité de préparations en charcuterie. Les clients viennent de Longwy et de Luxembourg, ce qui fait un bon boucher c’est la confiance. C’est important pour l’application du rituel hallal : les musulmans ne mangent de viande qu’à condition que l’animal ait été sacrifié dans les règles. Le sacrificateur doit égorger la bête après avoir orienté sa tête vers la Mecque et invoqué le nom de Dieu. L’animal doit être vidé de son sang qui entraîne ainsi avec lui les impuretés de l’organisme.


Rachid doit donc trouver des abattoirs hallal et vérifier lui-même que le rituel est exécuté correctement. Il se déplace ainsi jusqu’en Belgique pour trouver les meilleures conditions du marché et marquer les carcasses choisies de son tampon. Il garantit le traçage et la provenance de ses bêtes.



Une fois, pour l’Aïd-el-Kebir, Rachid a acheté son propre troupeau, a réservé un abattoir à Bastogne et a procédé personnellement au sacrifice. Il est fier d’avoir pu maitriser toute l’opération pour la satisfaction de ses clients. C’est que les temps sont durs et la concurrence aussi. Rachid se souvient que quand il faisait les marchés les gens ne regardaient pas à la dépense. Maintenant quand ils demandent un kilo, ils ne veulent qu’un kilo. Les jeunes, surtout, ont du mal. Rachid veut agrandir son affaire pour engager du personnel. Déjà rue Ste Barbe il n’a pas assez de place pour exposer tout ce qu’il voudrait vendre. Il participe volontiers à la vie du quartier et il soutient des associations comme Passage en fournissant bénévolement la viande lors du dernier couscous qui a réuni les jeunes du quartier par exemple.


Rachid veut faire partie intégrante des changements en cours à la Côte des roses et il espère bien que la ville soutiendra ses futurs projets de développement car garder un commerce de proximité, c’est donner la vie au quartier.

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publié sur Wikithionville.

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